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L'aventure de Tomas I

Ce jour-là il décida qu’il prendrait l’avion, il quitterait la ville dans un mois. Il était temps de laisser tomber cette routine qui ne menait nulle part. Élève distingué il suivait un chemin tracé par l’école et le travail. Ses parents, désormais séparés, le tenaient pour leur pilier et élément indispensable d’union avec ses frères. Sa famille au sud de l’Amérique lui avait transmis le goût pour les réunions, les fêtes et la nature. Du coté anglais il avait acquis les habitudes des personnes bien positionnés économiquement. 

Il était aimé et inspirait de la sécurité. Il avait de grands yeux bleus perçants qui ne laissaient jamais savoir ce qu’il pensait. Ses lèvres fines lui donnaient un air sérieux et pas un brin de barbe ne poussait sur son visage. L’air léger, on aurait dit qu’il était parfaitement joyeux et qu’il était là pour rendre heureux les autres. Cependant, ce matin il pensa que mener cette existence n’était plus supportable. Il lui fallait vivre au-delà de la routine, chose qui lui pesait énormément depuis qu’il s’était levé. Ni son heure de gym, ni la douche froide l’on aidé à dégager la pesanteur qui se posait sur ses épaules. Qu’avait-il fait pour arriver ou il en était ? Certes il avait un travail assuré mais que cherchait-il ? Voulait-il vraiment représenter cette maison d’avocats ?

Le regard perdu il alluma son ordinateur, chercha le site trouvé des mois auparavant et confirma les dates avec celles de son calendrier. Il aurait bientôt droit à ses vacances de stagiaire il voulait choisir le meilleur voyage possible, donner un nouveau sens à sa vie. Ennuyé de ne jamais rencontrer un obstacle sur son chemin, il craignait devenir quelqu’un aussi monotone que sa vie. L’idée de disparaitre ou devenir une simple présence dans le monde le hantait. Qu’aimaient les personnes sur lui,  était-ce simplement une image de ce qu’ils croyaient qu’il était ?

Céline l’avait souvent entendu dire ça, hélas elle le prenait pour une brute. Ils se connaissaient depuis la primaire, inséparables et pourtant toujours en désaccord. Elle pensait que les expériences cherchées pour se rencontrer à soi-même étaient d’un ridicule inexplicable. La quête du sens de la vie n’avait pas de fondements, le sens de la vie ne se rencontre pas quelque part dans le monde à nous attendre. L’être humain crée le sens de sa vie à chaque instant et sans repos.

Quand Tomas et Céline parlaient de ses projets, il terminait toujours par l’admirer. Tandis qu’elle adoptait le rôle d’une personne bien plus âgée pour lui dire qu’il pensait tout de travers. Pourquoi Tomas fuyait de cette manière ? Ils avaient toujours été dans des pays différents ne se trouvant que pendant les vacances, mais ceci la dépassait. Risquer sa vie à l’autre bout du monde à quoi de bon ? Partir à la recherche de soi quand tout ce qui l’avait formé se trouvait ailleurs, chez ses parents par exemple, ne lui semblait pas rationnel.

Il partirait en Australie faire une course de survie de deux semaines. Il s’était préparé physiquement pour l’épreuve, il trouverait plusieurs obstacles sur son chemin, pour commencer les participants ne pouvaient pas se reposer plus de quatre heures par jour, aussi si un serpent arrivait à les mordre ils n’auraient pas d’hôpitaux près d’eux et finalement tous leurs aliments et l’eau ils étaient à chercher le long du chemin dans le désert à franchir.
Autant lui comme le reste des participants prendrai le cours de survie express que l’entreprise offrait avant d’entreprendre l’aventure. Des magazines d’activités sportives extrêmes arrivaient chez lui, proposant d’acheter certains objets essentiels pour les aventuriers. Ce soir-là, Céline l’observait d’un regard réprobateur. Tout cet argent dépensé pour le voyage, le matériel de survie, le cours…tout pour vouloir connaître ses limites, et jusqu’à un certain point donner de la valeur à ce qu’il avait. C’était aussi la première fois que sa mère n’était pas d’accord avec lui. Et il jouissait de ce désaccord, il prouverai qu’il n’était pas que le fils éduqué et brillant de la famille. De toute façon il avait toujours fait ce qu’il voulait, depuis le Lycée il se débrouillait sans guide ou restriction familiale, ce n’était pas maintenant qu’on lui imposerai ce genre de limites, elles n’avaient plus de valeur formative.

Cependant il existait un risque majeur que celui d’échouer la course d’après Céline : celui de revenir à la ville et déprimer. Dans son monde les choses n’auront pas changé, la monotonie serait toujours la même. Les aspects négatifs brilleraient encore plus qu’avant et la quête aux aventures serait aussi nécessaire que s’il s’agissait d’une drogue. Pourrait-il échapper du néant ? Paradoxalement le besoin de fuir augmentait en même temps que les craintes et les commentaires négatifs sur son voyage. Dès son inscription à la course il faisait partie d’un groupe de sportifs, ados et guides de tous les continents. Heureux de se faire partie d’une communauté il ne doutait point de sa décision.   

Il se sentait déjà ailleurs, même avec Céline qui lui chatouillait le bout des pieds, mais il était toujours au Mexique, il avait des clients encore à visiter et il aurait une conférence encourageante à donner face aux nouveaux élèves de Droit de son université. Le voyage était proche mais il n’était pas encore là. Céline était un peu triste à ce moment, et serait comme ça le reste de la semaine. Sa crainte plus profonde était d’être remplacée car elle n’aimait pas ça elle, son plaisir se trouvant dans les livres et les balades tranquilles dans la campagne. Mais elle se tut, sachant que Tomas avait peut-être besoin de ça comme elle de la tranquillité pour entendre ses propres pensées.


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